Dans l'ombre de la lumineuse Karin Viard
- Victoire Boutron
- 4 nov. 2024
- 14 min de lecture
Dernière mise à jour : 26 nov. 2024

Quand on demande à Karin Viard la musique qui correspond à son humeur, c’est de sa légendaire spontanéité qu’elle avoue avoir “des fluctuations quotidiennes COLOSSALES ! Et qui dit plusieurs humeurs en une journée, dit plusieurs musiques…” Quatre, ce jour-là. “Quatre ambiances différentes mais qui, je crois, me dessinent bien. J’aime les choses qui ont du poil ! ”.
Nous vous proposons d’écouter cette playlist pour accompagner votre lecture :
A l’affiche de la nouvelle série politique Dans l’Ombre, diffusée sur France 2, Karin Viard incarne une candidate de droite qu’elle a voulu singulière, vêtue de cuir et de daim. Un personnage qui déconcerte son adversaire, le plus modéré Paul Francoeur (joué par Melvil Poupaud), et qui raconte aussi la liberté et l’audace d’une femme. Des thèmes qui font écho au parcours personnel de l’actrice, qui se livre ici, entre ombres et lumières.
Vous jouez en ce moment dans Dans l’ombre qui interroge les dessous d’une campagne présidentielle. C’est la première fois que vous jouez dans une série. Qu’est-ce qui a motivé ce choix ?
Karine Viard - Le cinéma change et les acteurs doivent s’adapter. Aujourd’hui, la série est une nécessité pour un acteur. D’abord, parce que les films sont plus difficiles à monter. Les films du “milieu”, c’est-à-dire des films avec des budgets moyens, ont disparu. Il reste des films très chers qui prennent 80% de l’argent du marché et si tu n’as pas la chance de faire ces films-là, il te reste des petits films avec des petits budgets. En tant qu’acteur, ce n’est pas toujours facile de trouver sa place. Dans les petits films, il peut y avoir des rôles très intéressants mais qui ne te permettent pas de gagner ta vie. Les séries sont donc une option intéressante. Ça permet aussi à des acteurs d’avoir des rôles qu’ils n’auraient pas pu travailler au cinéma. C’est un très bon vivier d’acteurs injustement boudés par le cinéma. En ce qui me concerne, l’adaptation me sort de ce que j’ai l’habitude de faire et ça j’adore ! Je suis très heureuse de développer cette série !
La série est l’adaptation d’un livre du même titre ( Dans l’ombre, JC Lattès, 2011) écrit par Edouard Philippe et Gilles Boyer, qui sont aussi les co-scénaristes de la série. Quels ont été vos échanges avec eux ?
Je n’ai pas lu le livre. Edouard Philippe et Gilles Boyer ont participé à l’écriture de la série, ils sont venus sur le tournage et on a fait des lectures avec eux pour qu’ils puissent répondre à nos questions. Parce que c’est écrit par eux, on pourrait penser c’est une série de droite mais je trouve que ça dépasse totalement ce clivage droite/gauche. C’est très renseigné de l’intérieur, très réel. D’autant que c’est réalisé par Pierre Schoeller (L’Exercice de l’État, en 2011, ndlr) qui s’est toujours intéressé à la pensée politique. Ce qui est traité ici, c’est justement la pensée politique : l’organisation, le soutien d’un parti, l’appartenance et l’impossibilité d’exister en dehors de ce parti… C’est vraiment très intéressant. Ça m’a permis de toucher du doigt ce milieu et c’est une des choses passionnantes que m’offre mon métier. J’apprends des choses que je ne connais pas et je trouve ça merveilleux !
Le livre a été publié en 2011, la série pensée depuis 2016, tournée en 2023, diffusée en 2024, après une année politique intense. Qu’est-ce qui est immuable dans la politique selon vous ?
Ce qui ne change pas c’est que si tu es seul, tu ne peux rien faire. La politique, ça se fait à plusieurs. La politique c’est un groupe, un parti. Tu ne peux pas faire cavalier seul. Ou alors, tu fais comme Emmanuel Macron, tu fais cavalier seul mais tu fondes ton propre parti. Le monde évoluant, il y a des systèmes de république qui se discutent, mais au fond, tu ne peux pas faire de politique tout seul.
La série est construite comme un véritable thriller politique. On découvre ce qu’il se passe dans l’ombre, dans les non-dits, dans les messes basses… Qu’est-ce qu’elle raconte cette intimité ?
Qui dit groupe, dit alliances. Parfois, il y a des alliances qui sont difficiles à avaler parce que tu es obligé de t’allier avec des gens qui ne pensent pas comme toi mais dont tu as besoin. On le voit aujourd’hui avec le Front populaire qui s’étend de gens plus extrémistes à des gens plus modérés. Ce qui se dit dans l’ombre, c’est tous ces pactes, toutes ces alliances qui sont passés et qui font que, parfois, tu es obligé d’avaler des couleuvres.
Qu’est-ce qu’il y a de plus politique en vous, Karin Viard ?
Ce qu’il y a de plus politique en moi, c’est que je garde une forme d’utopie. Et je pense qu’on ne peut pas faire de politique sans avoir une certaine utopie.
A la lecture du scénario, vous avez demandé plus de place pour votre personnage, Marie-France Trémeau. Quelle dimension avez-vous souhaité lui donner ?
Dans l’ombre est une série politique pensée par des hommes et écrite par des hommes. Il n’y a pas de femmes à l’écriture. Quand ils me l’ont proposée, ils avaient déjà écrit les trois premiers épisodes. A ce moment-là, je leur ai dit que je trouvais ça hyper intéressant et réel mais que mon personnage était trop peu développé. Ce personnage était comme une figure, il manquait d’incarnation. J’étais la figure du caillou dans la chaussure de l’homme incarné par Melvil Poupaud, la frange extrémiste, la droite plus radicale, et j’étais moins réelle. J’ai donc demandé à avoir plus de corps et d’existence. Je ne voulais pas être seulement une figure féminine parce qu’il en fallait une. Je voulais qu’on soit davantage avec moi pour mieux comprendre mon personnage. Ce qui a été fait.
La question de la place, c’est aussi une question qui traverse votre personnage… C’est une femme qui tente de prendre du pouvoir, de survivre dans ce monde politique. A quoi ça tient ?
Déjà, j’ai voulu en faire un personnage qui n’existe pas mais qui est tout à fait vraisemblable. Je n’ai pas voulu correspondre à une femme politique qu’on a déjà vue et qu’on connait. Marie-France Trémeau, c’est une femme qui assume totalement sa féminité, qui porte des bottes, du cuir et du daim. A l’inverse des femmes politiques de ma génération qui globalement, se sont toujours excusées d’être des femmes... Je me souviens de Cécile Duflot qui s’est faite siffler parce qu’elle a eu l’audace de mettre une robe dans l'hémicycle (bitly.cx/pfkFW)… Ce n’est pas possible. On vient de là, on en est l’héritage. J’ai voulu en faire une femme qui assume totalement sa féminité. Et je pense que c’est toujours pareil : si on a un problème de place dans l’intime, on aura un problème de place au travail. Que ce soit en politique ou ailleurs. Ce problème de place, il doit toujours se régler dans l’intime pour avoir une chance de se régler à l’extérieur de soi.
C’est aussi une femme qui ne s’excuse pas de qui elle est, qui assume haut et fort ses convictions. Un exercice qui n’est pas évident lorsqu’on est actrice. Qu’est-ce qui vous donne du pouvoir, vous, Karin Viard ?
Je suis peu soucieuse du regard qu’on porte sur moi. Je n'attends pas et ne cherche pas la validation extérieure. Ce qui m'intéresse, c’est de pouvoir faire les choses que j’ai envie de faire. Je ne me demande jamais ce que les gens pensent ou attendent de moi. Je pense que c’est une grande force et une grande liberté.
Quelle part d’ombre réside en vous, Karin Viard ?
Comme tout le monde, j’ai des parts d’ombres, des choses que j’aime moins chez moi. Je trimballe un sentiment d’abandon qui est compliqué, que j’essaye de résoudre mais qui est un peu ma matrice de base. Ce petit problème induit une part d’ombre qui est assez pénible.
Cette ombre, elle vous a longtemps suivie. Vous avez vécu une enfance passée dans l’ombre d’une mère et d’un père absent. Élevée avec votre sœur par vos grands-parents. Et vous expliquez avoir longtemps souffert d’une humiliation de classe durant cette enfance ; là aussi, d’être restée dans l’ombre. Quelles ont été vos armes face à la honte ?
Je me suis rendue compte très vite d’une forme de singularité qui vient de cette éducation mais aussi d’un complexe de classe, oui. Ça m’a donné une forme de liberté. Je voyais que je n’étais pas comme les autres et c’est finalement ce qui m’a amenée à penser différemment. J’osais affirmer que je n’étais pas d’accord avec les autres. Ça vient de mon éducation. Quand tu es regardée et aimée par des parents, même s’ils font le meilleur pour toi, ils ne peuvent pas s’empêcher d’avoir des désirs pour toi. Ils pensent parfois un peu à ta place. Moi, j’ai été débarrassée de ça. J’ai été élevée par des grands-parents qui n’avaient pas les mêmes attentes. Ça m’a permis de grandir avec cette absence de demande et de choses qu’on attend de moi. C'est le grand avantage de ce désavantage. Ça crée des failles émotionnelles qui font que le sentiment d’abandon est un sentiment qui peut m’éclater au visage si je ne bosse pas dessus mais, paradoxalement, ça m’a donné une grande liberté de penser et d’action.
Face à cette enfance très solitaire, très rude, vous avez choisi la joie. Quelle forme de courage c’est, pour vous, la joie ?
Pour moi, la joie est la quintessence du courage. Quand les sociétés et les relations entre les gens se rigidifient, la joie permet de créer des ponts, de prendre de la distance, de changer le monde à son petit niveau. Si tu es dans la joie, tu n’es plus dans la peur mais dans la confiance, l’espérance, l’espoir et l’empathie. La joie, c’est de l’amour. C’est très courageux, surtout dans nos sociétés, de décider de choisir l’amour plutôt que la haine. La joie est sans doute l’expression ultime du courage.
Chez vos grands-parents, vous avez un jour le choc de votre vie. Allongée sur leur canapé, vos grands-parents dans votre dos, vous regardez tous trois la télévision. Et ce soir-là passe Notre-Dame de Paris avec Anthony Quinn qui joue le rôle du Bossu. Vous aviez 9 ans. Que s’est-il passé ?
Mes grands-parents avaient une culture complètement différente des jeunes de mon âge, j’étais donc toujours un peu en décalage. Un soir, chez eux, je vois ce film avec Anthony Quinn qui cache un cœur extraordinaire derrière un physique monstrueux. Ça m’a complètement parlé. Est-ce que je me suis vécue comme monstrueuse ? Est-ce que je me disais alors qu’il fallait bien que je sois monstrueuse pour que mes parents ne veuillent pas s’occuper de moi ? Je ne sais pas. En tout cas, je me suis totalement identifiée à ce personnage. J’ai eu l’impression que ça explosait les murs de ma vie et ce que j’imaginais seulement possible pour moi. Quand j’ai vu Anthony Quinn susciter des sentiments si forts chez moi, si excessifs, j’ai compris qu’il avait donné une autre dimension à ma vie. J’ai compris à ce moment-là ce que je voulais : provoquer des émotions et en faire mon métier. Ça me disait très directement : “C’est ce que tu vas faire dans ta vie. Tu vas jouer et tu vas provoquer des émotions chez les gens qui te regardent”. Finalement, je trouve que je n’ai jamais trahi cette chose-là qui m’a donné envie d’être actrice. Je suis une actrice très émotionnelle.
Toute la palette des émotions vous intéresse…
Oui. J’aime faire rire, faire peur. J’aime émouvoir, provoquer de la surprise… C’est là que je vais chercher les gens en fait. Dans l’expérience humaine, on connait tous la joie, la peine, et c’est ça qui nous réunit. Quelle que soit notre culture, notre pays de naissance, nos groupes d’origines, les émotions sont partagées par tous. La culture et les façons de penser, c’est autre chose. Mais l’émotion, la surprise, avoir honte, peur… C’est la base-même de notre humanité.
Vous êtes en ce moment sur le tournage du prochain long métrage de Mélisa Godet, La Maison des femmes. Un film qui raconte l’histoire de ce lieu conçu pour soigner les femmes victimes de violences et dans lequel vous incarnez le rôle de la fondatrice, la docteur Ghana Hatem. Qu’est-ce qui vous touche chez cette femme ?
Ce qui me touche chez elle, c’est qu’elle combat pour elle-même mais aussi pour que d’autres en profitent. Elle est là pour dire qu’il faut regarder les femmes, les entendre, les accueillir correctement et qu’elles le méritent. Quand on accueille les femmes de cette manière, on construit une société meilleure parce qu’on sauve leurs enfants. On sauve les générations futures. Je trouve qu’à son niveau, elle change le monde. Il y en a qui pensent de façon égocentrique et d’autres qui se servent de leur combat pour se soigner. C’est toujours à saluer. Je pense par exemple aux soignants : ils règlent quelque chose de leur propre histoire mais ils le font de façon généreuse. Ça, c’est merveilleux.
Le 9 octobre dernier, l’Assemblée nationale a relancé les commissions d’enquête sur les violences dans le cinéma. Un projet à l’initiative de l’actrice Judith Godrèche. Quel est le prix de la liberté pour une actrice ?
Il n’y en a pas ! La liberté, personne ne te la donne. La liberté, tu la prends !. Tu n’attends pas l’autorisation de quelqu’un et je n’ai pas envie de penser qu’il y a un prix à payer pour l’avoir. Je n’ai pas envie de penser que la liberté se paye. Elle se paye dans d’autres pays -je pense aux femmes en Iran par exemple- mais en France, on est libres. La liberté, elle commence avec le regard qu’on pose sur soi. Moi, par exemple, je n’ai pas l’impression que je paye ma liberté. Ma liberté je l’assume. Je me sens d’avoir le droit à la liberté et j’ai la chance d’être dans un pays qui la propose. Je n’aime pas me sentir victime des autres, penser qu’on m’empêche, qu’on me prive de liberté. La liberté tu la prends, tu ne demandes pas la permission. C’est comme l’audace. C’est une forme de confiance et d’estime de soi. Si tu cherches la validation, tu donnes le pouvoir à d’autres que toi. Alors qu’en réalité, si tu y crois et que tu trouves des solutions pour rebondir, ça te donne toutes les libertés. Et est-ce que c’est un prix à payer ? Oui ! Le prix de l’audace. Tu essayes, et si ça ne marche pas, au moins tu auras essayé. Il faut faire des choses qui te ressemblent et qui vont te combler. Se donner ce droit, c’est la meilleure des choses. Ce mouvement-là n’est pas toujours évident, mais la vie répond aux audacieux.
Quel est votre regard sur les changements qui ont lieu dans le milieu du cinéma, notamment en ce qui concerne les femmes ?
Je me réjouis que les choses changent et que ce mouvement de considération des femmes soit en marche. C’est une très bonne chose. Mais ce mouvement féministe, il existe partout. Il n'existe pas plus au cinéma que chez Orange ou France Télécom. C’est le symbole d’une société patriarcale avec ses codes qui maltraite les femmes et les hommes qui, eux aussi, ont beaucoup d’injonctions. Ce que j’ai toujours trouvé très étonnant, c’est à quel point la liberté des femmes peut faire peur aux hommes. Je n’ai jamais compris ça. J’ai l’impression que lorsqu’on est libre, on est plus heureux, non ? Si tu es avec une femme que tu laisses libre, elle est plus heureuse et te donne d’avantage d’amour. Ça profite à tout le monde la liberté de la femme ! Pourtant, il y a des tas d’hommes qui se sentent menacés par ça et c’est une question que je me suis toujours posée. Pourquoi vouloir contraindre à ce point la femme ? Je ne sais pas. D’autre part, les femmes de ma génération se sont aussi beaucoup empêchées. Elles se sont empêchées de rêver haut et fort. Quand elles ont rêvé haut et fort, on les a remises à leur place. Tout ça change et c’est soulageant. Maintenant, il y a un mouvement féministe qui parfois peut être tellement radical qu’il a tendance à mettre l’homme et la femme l’un contre l’autre, ce que je trouve extrêmement dommageable. Moi, j’aime l'altérité et l’antagonisme. C’est à cet endroit que commence la discussion, la remise en question et le changement possible. Le changement arrive à partir du moment où l’autre te fait réfléchir. J’aime discuter avec les hommes et j’aime être parfois en désaccord avec eux parce que ça me propose un endroit de réflexion. Il y a autre chose aussi : je trouve que la grande différence entre les hommes et les femmes, c’est la communication. Je trouve qu’à priori, les hommes sont plus empêchés. C’est une généralité donc elle n’est pas intéressante, mais globalement je dirais que les femmes ont davantage été habituées à communiquer que les hommes. De la même manière qu’on a dit aux filles que le mieux qui puisse leur arriver, c’est un beau mariage, on n’a pas dit aux garçons “vas-y exprime toi, avoue ta vulnérabilité”. D’une certaine façon, c’est une violence aussi…
Pour autant, on invite les femmes à libérer leur parole…
Oui et j’espère que ça sera aussi un mouvement de libération de la parole des hommes car certains se retrouvent très culpabilisés. Il faut permettre à la société féministe d’éclore du côté des femmes et du coté des hommes. Il ne faut pas trop acculer et accuser. Je pense qu’il faut faire comprendre, s’exprimer et trouver un endroit où on se comprend. Il y a eu des comportements de la part des hommes qui étaient inadmissibles et je me réjouis que ça s’arrête. Lorsqu’au procès de Mazan, l’un des hommes accusé de viol envers Gisèle Pélicot ose dire “c’est sa femme il fait ce qu’il veut”, c’est glaçant. C’est impossible, il faut absolument changer ça.
Vous venez de passer une année à incarner et mettre en lumière des rôles féminins majeurs. Je pense notamment à Madame de Sévigné, à votre rôle dans Magnificat, au personnage de Marie-France Trémeau pour Dans l’ombre, et bientôt à votre rôle dans La Maison des femmes. Qu’est-ce que ces personnages racontent de vous ?
La multiplicité de ces rôles dessinent une image de moi assez juste. Je ne suis ni une femme qui se victimise, ni une femme qui se soumet facilement. Je pense que je suis une femme assez combative, une femme qui n’a pas envie de penser comme tout le monde et qui refuse les dictats. Madame de Sévigné, par exemple, était une femme forte à une époque où les femmes étaient excessivement privées de liberté. C’était une femme qui voulait sa liberté et qui était éblouissante pour ça. Bien sûr, elle dépendait de l'argent de son mari mais, au fond, elle avait créé son propre espace de liberté, et je pense que ça, c’est nécessaire.
Chez qui puisez-vous de la lumière ?
On parlait de féminisme, et bien même si je n’aime pas le mot “sororité”, j’aime imaginer qu’en tant que femme on peut être solidaires et trouver d’autres femmes inspirantes. C’est très moderne et très intéressant. J’ai besoin de connaître l’expérience des autres femmes et je m’en nourris. C’est très important dans mon développement. Je trouve ça formidable de voir arriver une belle jeune femme pleine d’audace, de ressources et d’espoirs. Je n’ai pas envie d’avoir peur d’elle et de la considérer comme une rivale. Au contraire, j’ai envie de la trouver inspirante et de la féliciter. A cause d’une génération et d’une certaine éducation, on a trop longtemps considéré les autres femmes comme des menaces. Ma grand-mère me disait : “Ne te refuse jamais pour ton mari, il te quittera pour une autre !”. Quand on te dit ça, tu intègres la notion de compétition. D’autant que deux hommes qui combattent, c’est preuve d’engagement et de courage. Or deux femmes qui le font, on qualifie ça d’hystérie et de perfidie. La compétition entre hommes est perçue sainement. Celle entre femmes est qualifiée de crêpage de chignon. Ça me gêne. Je déteste ça. Pour autant, je ne pense pas que tu puisses changer ça en pensant qu’il n’y a pas de différences entre les sexes. Je suis un peu vieux jeu là-dessus. Je pense qu’être un homme n’est pas du tout la même chose qu’être une femme. Tu peux avoir plein de choses en commun, tu peux avoir une sensibilité commune mais je pense qu’on reste différents. Peut-être que c’est ma limite, parce que je suis issue d’une certaine génération justement.
Qu’est-ce qui vous met de bonne humeur en ce moment ?
Malgré la morosité ambiante, plein de choses me mettent de bonne humeur ! . Par exemple, dès que j’ai un moment de connexion profond et authentique avec mes amis, mon amoureux ou mes enfants. Ça, ça a valeur d'éternité ! Quand on laisse les téléphones, les réseaux sociaux et qu’on passe un moment où on se parle, où on se comprend… On se rend meilleur dans ces moments-là. Ce qui me rend heureuse aussi, c’est d’apprendre de nouvelles choses. Pour les besoins d’un film, j’apprends en ce moment à nager le crawl. C’est un jeune homme de 24 ans qui me donne des cours et j’y vais la fleur au fusil ! J’aime l’idée qu’à mon âge, je puisse encore apprendre des choses. Et puis, ce qui me rend heureuse, c’est qu’en vieillissant, j’apprends à écouter mon corps et à l’accepter. J’apprends à mieux me connaître et je m'autorise à ressentir d’autant plus les choses. Je trouve que c’est le grand avantage de la maturité et ça me rend folle de joie ! [rires]
Et quelle joie de retrouver Karin Viard sur nos écrans ! Dans L'Ombre est disponible en intégralité sur France.tv.
Prochainement au cinéma, La Maison des femmes, un film de Mélisa Godet avec Karin Viard, Laetitia Dosch, Oulaya Amamra et Juliette Armanet.
Et à réécouter pour se mettre en joie, voici la playlist du jour de Karin Viard :
“Une musique que j’ai besoin régulièrement d’écouter” : Laid Back - Sunshine reggae
“Ma découverte du moment” : Billie Ellish - Bird of feather
“Parce qu’il n’y a rien de plus beau” : Maria Callas - La Traviata
“Un truc qui a du poil” : Amine Edge - Funkinasty
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